«Il lacère le papier. Il arrache, coupe, sépare, pour mieux réassembler. Tout se joue là, dans la l’éclatement qui, inexorablement, sous la main de Martin Lyonnet, se rassemble. Comme la matière toujours attirée par la gravité.
On pourrait appeler ça collage, réunion, mélange. On pourrait disserter sur la méthode, celle d’aller dérober du matériau, de le défaire de son état primaire pour le juxtaposer à un autre, opposé en couleur, en texture et en forme jusqu’à ce qu’il compose un nouvel ensemble. Mais ce serait oublier que ce qui jaillit de l’oeuvre n’est autre qu’une - simple - invitation au voyage, à la rêverie et au paysage. Il y a de l’abstraction
et pourtant du figuratif, il y a tout ce que notre imaginaire veut bien concevoir à partir des formes créées. Ici un ciel de traîne, là une montagne. À la manière d’un Jacques Villeglé en son temps, Martin Lyonnet est un voleur, et c’est bien pour cela que ses oeuvres sont si puissantes.
Ses collages s’inscrivent dans l’instant. Ils sont chacun
le fragment d’une journée, comme le nom du projet le rappelle : vingt-quatre heures. 16h10, 21h45, 22h16... comme autant d’heures volées à la litanie du temps, comme autant de minutes figées sur la toile. L’urgence de l’instantané a comme été capturé par l’artiste et rendu au spectateur par mille
et une couleur.
Vous pourrez penser que c’est beau, cohérent ou chaotique, vous pourrez penser qu’il sait structurer et mettre en miroir,
en écho, les tonalités et les reliefs. C’est tout cela et beaucoup plus. C’est peut-être là que s’arrêtent les mots. Alors, peut-être pourrais-je conclure ainsi : oui, c’est un dialogue qu’il fait naître. Un dialogue entre la matière et la lumière.
Un dialogue entre son ventre et nos yeux.»
Critique de Baptiste Gourden I écrivain
Expositions :
Analog Collage I Paris I Sept 2018
